New Dirty Eenterprises: The first annual report, Dialogue is not possible
Jerszy Seymour
Date :
2014
Jerszy Seymour est arrivé d’Allemagne en camionnette VW rouge en novembre 2014. On l’a vu décharger avec trois acolytes, devant l’espace temporaire de Lafayette Anticipations – Fondation d'entreprise Galeries Lafayette, des caisses de matériel dont personne, y compris lui, ne pouvait savoir à quoi il servirait. Au fil des semaines, la galerie du 46 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie est véritablement devenue son atelier, plus encore son entreprise. L’espace principal, qui d’ordinaire offre sa profondeur à la rue, obstrué par des projecteurs tournés pleins feux vers l’extérieur, éblouissait les passants. À l’arrière, Seymour devait engager sa joyeuse bande, composée d’artistes et designers, dans une étude de terrain pour la propagation de New Dirty Enterprises.
Présenté pour la première fois en 2013 à ABC Contemporary à Berlin, New Dirty Enterprises explore de nouveaux modèles d’échanges économiques, esthétiques et sociaux où prime la recherche désenchantée d'une finalité heureuse. Le design s’y déploie au-delà des objets, dans une relation poétique aux êtres et aux milieux, urbain ou naturel. Ainsi New Dirty Entreprises a valeur d’œuvre totale inachevée, constamment augmentée par son instigateur et ceux qui souhaitent s’en revendiquer. À l’instar de sa franchise de livraison de pizza, de son « Council for the Progenesis of the Archaic Festival », du « Committee for Happy Endings » et des « Creative Death Services », le projet développé par Jerszy Seymour et sa communauté imprègne la réalité avec humour, dans une logique de recherche philosophique des plus exigentes.
Depuis l’espace de production du 46 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie où se sont succédés philosophes, éditeurs, curateurs, collègues et amis, Jerszy Seymour a enquêté sur les marges de notre quotidien, exploré les portes de Paris et de ses environs. Ainsi, à vélo ou en van, il a dessiné avec les collaborateurs de son studio la carte des nouveaux territoires de New Dirty Enterprises.
Après avoir considéré développer de nouvelles activités fantasques de NDE à l'ombre du périphérique, l’équipe s’est finalement attelée à l’écriture d’un manifeste. Les murs de l’espace temporaire de Lafayette Anticipations se sont rapidement couverts de notes, dessins, photographies et textes jusqu’à transformer le lieu de production en aire de jeu encyclopédique. Les savoirs s’y sont accumulés, imprimés, scotchés, gribouillés du sol au plafond. Il est apparu, aussi vite que fuse le monde dans l’esprit de Seymour, que cette masse ne pouvait pas trouver à s’exprimer dans des formes attendues. Alors sont apparus dans le bazar de l’entreprise une guitare, un synthétiseur, une batterie, un micro pour que la bande, transformée en band, adresse en musique sa profession de foi.
Il en est ressorti après des jours de répétition confidentielles, NEW DIRTY ENTERPRISES: THE FIRST ANNUAL REPORT, DIALOGUE IS NOT POSSIBLE, un opéra non-opéra présenté au Garage MU à Paris le 12 décembre 2014. À l’occasion de cette performance unique, le public parisien a pu trouver Jerszy Seymour et son équipe la mine grave, étrangement relevée de formes enfantines, des maquillages fuchsia figurant, c’est selon, lapins, souris, oursons. Affublés de noir, impassibles sous leur moue bisounours, les six performeurs se sont longuement mêlés à la foule pour finalement gagner le centre de la salle de concert, délimitée au sol par un cercle noir également, où ils ont interprété 15 titres programmatiques de New Dirty Enterprises. Outrancier, drolatique et quelque peu incantatoire, le concert exploitait tous les stéréotypes du genre pour démonter précisément la standardisation de la culture comme industrie.
Avec Yanik Balzer, Veronika Bjarsch, Travis Broussard, Victor Delestre, David Kaltenbach, Olivier Lellouche, Kerwin Rolland et Jerszy Seymour
Remerciements au Garage MU et aux équipes.