The Laguna's Tribute : A Corner Speaker in Venice
Saâdane Afif
Né·e en 1970 à Vendôme (France), vit et travaille à Berlin (Allemagne).
Date :
2015
Technique :
Exposition-Performance
The Laguna’s Tribute : A Corner Speaker in Venice est une performance produite et présentée en 2015, à l’occasion de la 56e Biennale de Venise. Elle met en relation deux espaces distincts, reprenant ainsi un dispositif établi par Saâdane Afif, inauguré en 2011 à l’occasion de l’exposition Meeting Point 6 au Beyrouth Art Center et affiné par la suite.
Le premier lieu est un espace consacré à l’art (musée, centre d’art, galerie) qui accueille dans une des ses salles une exposition présentant une sélection de textes de chansons, les cartels qui renvoient aux œuvres citées par ces textes, enfin une ou plusieurs versions d’une même affiche qui annonce un événement dans un lieu donné. L’exposition marque différentes temporalités : elle indique que quelque chose est en train de se produire, qu’une transition est en cours.
Le second lieu, à distance, dans une autre partie de la ville, est l’espace public qui accueille la performance. Au détour d’une rue, un personnage déclame ou chante de façon quotidienne les textes présentés dans l’exposition. Il est juché sur une caisse en bronze installée durant toute la durée de la Biennale. Ce socle est encastré au sol le long des docks entre l’arsenal et les Giardini, à peu près à l’angle de la rue Garibaldi.
L’orateur déclame face à la lagune. Il s’adresse aux poissons et au vaporetto, dans une vision très romantique, à l’image d’une peinture de Caspar David Friedrich. Il tourne le dos au flux des passants évitant toute confrontation directe. Le spectateur peut s’arrêter, écouter, se moquer du performeur. Il peut laisser libre cours à sa curiosité.
Les textes constituent le matériau et les affiches le générique ou la synthèse. L’orateur est l’interface et le public devient le témoin. L’œuvre, dont l’épicentre se trouve de façon convenue dans un espace dédié à l’exposition, a une action sur la réalité d’un lieu tiers, celui de la rue. La performance, perçue comme une manifestation spontanée, vient tordre un bout de réalité de la ville où elle a lieu. La régularité et la répétition de l’apparition d’un personnage à heures fixes, dans un quartier donné, doivent en transformer la perception par ses habitants et surprendre ceux qui le traversent. L’éloignement de la performance et de l’espace d’exposition est essentiel pour éviter toute analogie avec le théâtre ou l’attraction.