Les secrets de l'exposition avec la commissaire Agnes Gryczkowska | Exposition Au-delà
Agnes Gryczkowska est commissaire d'exposition indépendante, autrice et musicienne.
Elle a été curatrice du Schinkel Pavillon à Berlin, où elle a organisé HR Giger & Mire Lee (2021) ; Sun Rise | Sun Set (2021) avec les œuvres de Dora Budor, Max Ernst, Karrabing Film Collective, Max Max Hooper Schneider, Pierre Huyghe, Emma Kunz, Richard Oelze, Precious Okoyomon, Jean Painlevé, Pamela Rosenkranz, Rachel Rose, Henri Rousseau, Torbjørn Rødland, Ryuichi Sakamoto ; ainsi que l’exposition Claude Mirrors : Victor Man, Jill Mulleady, Issy Wood (2019). Gryczkowska a également été commissaire d'Amnesia Scanner : Anesthesia Scammer (2019) et Holly Herndon: PROTO (restaged) (2019) présentées par Light Art Space à Kraftwerk, Berlin.
Gryczkowska a été artiste et commissaire en résidence à Somerset House et, de 2015 à 2018, elle fait partie de l’équipe curatoriale des Serpentine où elle a travaillé sur les expositions de Rachel Rose, Simon Denny, DAS INSTITUT (Kerstin Brätsch et Adele Röder), Marc Camille Chaimowicz, Wade Guyton, Grayson Perry et Etel Adnan, entre autres.
Parmi ses récents projets, l'exposition collective Au-delà (2023) à Lafayette Anticipations, Paris et SuperFutures (2022) présenté par Reference Studios, Berlin, à Selfridges, Londres. Elle écrit régulièrement des textes d'exposition quasi- fictionnels et contribue à diverses publications d'art contemporain, dont Spike et KALEIDOSCOPE.
Transcription
Bonjour, je m'appelle Agnes Gryczkowska et je suis la commissaire de l'exposition Au-delà.
L'exposition Au-delà, Rituels pour un nouveau monde est une exposition qui est en elle-même considérée comme un voyage rituel, d'une certaine façon transformateur, et qui nous emmène à travers différentes pratiques cérémonielles et rituelles, depuis des pratiques très anciennes, comme celles des Îles cycladiques en 2800 avant J.-C., jusqu'à des pratiques rituelles très contemporaines, mais aussi à travers des rituels individuels et collectifs. On y parle beaucoup de tradition artisanale, manuelle et de l'idée de se perdre dans une pratique comme dans une sorte de transe. Les rituels sont sacrés mais aussi païens, dans le sens où ils génèrent ce lien entre nous et la terre et où ils parlent de cette multiplicité de dieux, de déesses et de divinités, et non d'un point de vue religieux unique.
Ce qui est important dans l'exposition, c'est qu'elle se penche sur différentes pratiques rituelles afin de répondre d'une certaine manière au contexte dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui, où il semble presque nécessaire d'aller au plus profond de nous-mêmes ou de nous transcender, afin d'atteindre quelque chose de sacré.
Peut-être pour retrouver une certaine beauté dans la vie de tous les jours et peut-être aussi pour pouvoir faire face à la brutalité de la vie.
C'était aussi important pour moi de réunir des voix contemporaines avec des œuvres modernes, mais aussi avec des œuvres anciennes, afin de creuser dans les couches du temps et d'examiner comment certaines pratiques rituelles anciennes, comment la vision de nos ancêtres sur le monde, l'humanité et la terre, résonnent très profondément avec la façon contemporaine de penser, ou devraient résonner davantage avec la façon dont nous pensons maintenant.
Je pense que le sujet des rituels était vraiment important pour moi parce que nous semblons perdre ces moments où nous sommes vraiment capables de faire une pause, de nous arrêter, de maintenir aussi une forme de tradition parce que les rituels sont un sujet très large parce qu’ils évoquent des traditions, des coutumes, mais sont aussi de petites activités quotidiennes, collectives mais aussi très individuelles. En commençant par les petites pratiques rituelles que nous faisons tous les jours, comme boire du thé ou prendre le temps de faire un petit massage du visage ou des choses simples comme ça, jusqu'à des célébrations plus importantes comme s’arrêter pour célébrer quelque chose. J'ai l'impression que les gens d'aujourd'hui ont beaucoup de mal à se réunir et à célébrer des moments, même si nous semblons être hyper connectés.