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Christelle Oyiri (Crystallmess) revient sur sa pratique pluridisciplinaire entre installation et performance et les thématiques qui traversent son dernier projet, R.I.P Aporia.

Christelle Oyiri aka Crystallmess est à la fois DJ, productrice mais aussi écrivaine et artiste, soucieuse de mettre en lumière les sub-cultures passées et présentes.

Sa démarche de DJ et de productrice, passe du zouk abrasif et du dancehall à l'afro-trance et à la techno de Detroit, qu'elle soit derrière les platines pour une fête Janus à Säule/Berghain, la ø party mensuelle d'Hyperdub aux Corsica Studios, la fête d'Yves Tumor Terms of Endearment ou la fête locale parisienne CONCRETE. 

Elle s'appuie davantage sur les textures, le continuum sonore et la narration plutôt que sur les genres, tout en continuant à faire vibrer la piste de danse. Abordant les thèmes de la culture des clubs, de l'aliénation coloniale et des temporalités alternatives, elle crée "Collective Amnesia" en 2018. 

Inspirée par le travail de Kodwo Eshun de l'Unité de recherche sur les clubs cybernétiques sur l'afrofuturisme et la musique, cette performance multidisciplinaire mêlant film et DJ, et performance vocale traditionnelle de griologie célèbre l'histoire oubliée du logobi, une danse afro-française urbaine du milieu des années 2000 fusionnant techno hardcore et coupé décalé. Elle a autoproduit son premier EP Mere Noises, oscillant entre énergie brute de rave, dancehall sombre et ambient mélancolique, soutenu par des artistes comme Kode9, Lee Gamble et Klein.

En 2023, elle participe à l'exposition collective Au-delà à Lafayette Anticipations à Paris.

Transcription

Ma pratique s’articule autour de l’art sonore, de la vidéo, de l’installation et de l’écriture aussi.

Mon projet à Lafayette Anticipations est double, on a fabriqué un lit à baldaquin qui va s’appeler “Sleep Paralysis” et qui constitue une pièce importante de la performance R.I.P APORIA que je suis en train de mettre en place. 

Elle est inspirée du livre Afropessimism de Frank Wilderson III. C’est une philosophie qui est en toile de fond dans mon travail d’artiste, même musicienne, depuis un moment déjà. C’est une philosophie qui aborde aussi les questions ontologiques, les questions de l’être en lui-même. 

Je m’intéresse beaucoup aux problématiques ethno-ethniques et raciales, et pour moi, R.I.P APORIA, c’était une façon de rentrer dans des choses assez inconfortables et ineffables aussi et pas forcément dans des expériences du racisme quotidiennes que l’on connaît déjà ou même systémiques, mais des expériences de l’être, du corps et de la mort aussi.