Petrit Halilaj
July 14th?
Exposition du 24 oct. au 27 oct. 2013
Il y a 11 ans et 3 mois
En invitant un jeune artiste kosovar à inaugurer son programme de préfiguration, la Fondation s’est fait une promesse : soutenir sans relâche les scènes les plus prospectives afin qu’elles puissent créer en toute liberté au cœur de Paris. Le choix de Petrit Halilaj, originaire d’un petit village nommé Skënderaj, passé par les bancs de la Brera Academy à Milan et vivant aujourd’hui à Berlin, devait porter en germe l’ambition de notre institution, en équilibre entre local et international, explorant les constituants d’une identité en devenir.
Dès cette première invitation, Lafayette Anticipations a mis à la disposition de l’artiste tous les moyens de production ainsi que l’assistance d’un maître artisan, Stéphane Tambeur, pour créer avec l’artiste de nouvelles œuvres accompagnant la présentation de l’installation vidéo July, 14th?Il n’est pas d’œuvre plus juste que cette vidéo qui témoigne de la résurrection d’un musée oublié de Pristina pour inaugurer un bâtiment promis à un devenir nouveau.Pour la première fois, le public convergeait vers les portes de notre bâtiment de la rue du Plâtre, sis entre l’Hôtel de Ville, le BHV et le Centre Pompidou.
Le lancement du programme de préfiguration devait occuper ce terrain, s’inscrire en plein dans la ville de Paris, dans l’histoire du groupe Galeries Lafayette et dans un réseau d’institutions majeures. A ce titre, July 14th?, montée dans le prolongement de l’exposition personnelle de l’artiste au WIELS de Bruxelles sous le commissariat d'Elena Filipovic, nous a permis d’entrer d’emblée dans cette logique de hub.
Près de trois ans avant l’ouverture officielle de Lafayette Anticipations - Fondation d'entreprise Galeries Lafayette, il est donc revenu à Petrit Halilaj et aux artistes à travers lui, d’en poser la première pierre.“JULY, 14TH?”C’est l’été en automne que ce 14 juillet de Petrit Halilaj, une ménagerie aménagée au rez-de-chaussée de Lafayette Anticipations, tout juste créée. A peine décroché du pavillon du Kosovo où la Biennale de Venise lui fit pousser des ailes, Halilaj est venu annoncer à Paris une forme de renaissance, la possibilité pour toute identité de se renouveler culturellement, sans nostalgie.En écho à son exposition personnelle au WIELS, à Bruxelles, il a donc évoqué rue du Plâtre la redécouverte de trésors enfouis au Musée d’Histoire Naturelle de Pristina. Ce musée, fort populaire en ex-Yougoslavie, était jadis réputé pour son incroyable collection d’animaux empaillés. Littéralement emmurés au sous-sol, ces fantômes promis à l’oubli et au pourrissement, ont été finalement supplantés par une présentation d’objets de folklore national.
Halilaj les a excavés et a filmé chaque moment de leur prodigieuse mise à jour. Le film July, 14th?, montré pour la première fois au WIELS avant de l’être à Lafayette Anticipations, a suivi ce processus de réhabilitation.Pour doubler cette résurrection, l’artiste a réalisé des copies de ces bêtes momifiées, basées sur les descriptions de leur état avant décrépitude. La présence fantomatique de ces phénix de terre et de cuivre devait évoquer dans l’espace de la rue du Plâtre le mythe du musée «perdu». Leur résonance dans l’exposition inaugurale du programme de préfiguration soumettait l’expression des racines culturelles de l’artiste aux contraintes matérielles des lieux. C’est que le déplacement cheville tout son travail.
Originaire d’un petit village nommé Skënderaj, passé par les bancs de la Brera Academy à Milan et vivant à Berlin, Petrit Halilaj perpétue les souvenirs du monde rural dont il est originaire. Les souffrances de la guerre et de l’exil ne cèdent ni au au pathos ni aux regrets, mais amplifient une œuvre sur la domesticité. La réminiscence des trésors du musée de Pristina, confondus avec le motif animalier, allait en ce sens. On a vu sourdre aux coins de Lafayette Anticipations, paons, poissons, lapins, lézards, sortis du ventre du bâtiment, reprendre souffle et vie avec lui.