Performance

Futur rétrograde x Artagon Pantin

samedi 27 avril 2024 de 17h à 23h30

Gratuit sur réservation

Flora Bouteille © Marc Domage

Que nous réserve le futur et comment composer avec les fluctuations d'un monde sans cesse en évolution ? C'est à partir de ces interrogations existentielles, au cœur de l'exposition Coming Soon, que 8 artistes résident·es de la promotion 2022-2023 d'Artagon Pantin ont conçu des propositions artistiques pour tenter de répondre, chacun·e à leur façon, au besoin de (pré)voir ce qui nous attend.

Au cours de cette soirée pensée comme un festival d'anticipation, le rez-de-chaussée de la Fondation est investi de leurs voix et leurs corps, accueillant une pluralité de formes, de médiums et de manières d'habiter l'espace.
Ce programme de performance, musique, spoken word, poésie, danse et vidéo, offre une ouverture sur les recherches et les préoccupations d'une jeune génération d'artistes. Chaque dispositif propose un dialogue singulier avec le public pour évoquer nos incertitudes et nos espérances d'un temps à venir, tantôt par la parole, par le son, ou le corps en mouvement.
 
→ 17H15 : Ismail Alaoui Fdili · Keynote ChatUIGV, conférence performée, 30 min
 
L'Université Internationale de Gardiennage de Voitures (UIGV) est un projet satirique qui consiste en une université franco-marocaine fictive ayant pour but d'exporter et d'enseigner à l'international le métier de gardien de voitures, un travail précaire répandu dans le Sud global. Il se matérialise sur internet, sur les réseaux sociaux (films parodiques, sites web, interviews) et dans une série de courts métrages, de jeux vidéo en VR et de performances. L'artiste imagine ici une conférence performée sous la forme d'une keynote pour présenter le futur de l'UIGV avec l'introduction de l'intelligence artificielle dans ses méthodes pédagogiques.
 
→ 18H00 : Alice Martins · FFOMECBLOT - camoufler, pièce-performance, 30 min
Avec Alice Martins (conception et performance), Jean Thévenin (conception et musique live),  Élodie Paul (regard extérieur), Charlotte Pistien, assistée par Jehanne Mabilais (collaboration conception costume et décor)
 
Comment s'adapter à ce qui nous entoure dans un environnement hostile où les productions humaines ont supplanté le milieu naturel ? C'est à cette interrogation que l'artiste propose de répondre avec sa pièce-performance, qui apparaît comme une tentative presque survivaliste de continuer à habiter le monde. Au fil de la danse, le corps de l'artiste développe une hypersensibilité aux éléments qui l'entourent et se transforme à la façon d'une mue. FFOMECBLOT - camoufler met ainsi en scène un corps qui cherche à dépasser sa forme humaine par des actions de métamorphose.
 
→ 18H45 : CHOUF · Dis-moi toi bientôt c'est quand ? Spoken word et musique ambien, 30 min
Avec Lou Fauroux
 
Cette performance hybride mêle poésie déclamée sur le mode du spoken word et musique ambient jouée à la fréquence de 432 Hz, un mode qui permet de favoriser à l'écouté un état de relaxation et d'introspection. À partir d'une sélection de ses poèmes, choisis en référence au temps qui passe et à ses perceptions, l'artiste explore la notion de futur. Signal déclencheur, "temps" devient un mot-clé qui à chacune de ses prononciations marque le passage d'un texte à un autre, dans une logique de mashup et de montage.
 
→ 19H30 : Maïa Lacoustille · EHPAD II, oeuvre sonore, 18 min
 
 EHPAD II est un poème qui accompagne la série de sculptures Mummies (2023), ici présenté sous une forme sonore. Évoquant par son titre le nom d'un pharaon fictif, le poème renvoie à la perception de l'au-delà dans l'Égypte Antique et aux notions de naissance, de mort, d'enfance et de vieillesse. Les voix de l'oeuvre mêlent l'anglais et le français, les langues maternelles respectives des deux récitant·es, pour tisser une réflexion sur le matériau du langage parlé. Ces allers-retours entre une langue que l'on sait parler et une autre que l'on ne maîtrise pas révèlent sous un jour différent les mots et les sons. La dimension politique du poème s'incarne à travers cette langue expérimentale. Ces allers-retours entre une langue que l'on sait parler et une autre que l'on ne maîtrise pas révèlent sous un jour différent les mots et les sons. La dimension politique du poème s'incarne à travers cette langue expérimentale capable d'embrasser des identités multiples. 

→ 20H00 : Flora Bouteille (Cie Angels' Front) · die and retry, performance, 1h
Avec Flora Bouteille (direction), Aurore Serra et Dima Emelianenko (performeuses) et Victor Villafagne (création sonore et vidéo live)
 
die & retry est une performance évolutive qui envisage la notion de futur comme un événement redondant, potentiellement amené à se répéter à l'infini. Elle emprunte son nom au gameplay des jeux vidéo de genre « die and retry » qui obligent le joueur à recommencer encore et encore une action à la mort de son personnage, en apprenant de chaque nouvelle itération, jusqu'à atteindre son objectif. Un dispositif audiovisuel de boucles temporelles retransmises en live dans l'espace invite le public à répondre aux questions des performeur·euses, en influant ainsi (ou non) le déroulement des différentes séquences à la manière d'un algorithme. Cette responsabilité vient interroger les implications morales et politiques de la performance et de ses protagonistes.
 
→ 21H15 : Céline Fantino · ICE, court-métrage, 10 min
 
ICE est une vidéo de fiction qui explore le paysage en tant que dépositaire de mémoire et objet en mutation. Elle met en scène le retour imaginé et anticipé d'un protagoniste dans sa ville natale qui fait l'expérience d'une nouvelle temporalité à travers les phases successives du réaménagement urbain ; depuis la destruction de bâtiments obsolètes à la construction de nouveaux espaces issus d'un futur fantasmé. L'artiste utilise une intelligence artificielle pour altérer ses images et créer un paysage enneigé et glacé qui vient progressivement recouvrir les lieux, symbole d'une transformation intérieure en écho à celle de la ville.
 
→ 21H30 : Inès Sieulle · The Oasis I Deserve, court-métrage, 22 min
 
The Oasis I Deserve est un court métrage qui explore et questionne l'arrivée de l'intelligence artificielle dans notre monde à travers des conversations qu'entretiennent des utilisateurs de la plateforme Replika avec leur chatbot. Un certain nombre de dérives et de conflits s'immiscent dans ces échanges à première vue bienveillants, à mesure que le chatbot s'enrichit des multiples conversations avec les utilisateurs.
 
→ 22H00 : Lou Fauroux · To whom it may concern, there will be tears in my Hennessy, DJ set/performance, 1 heure
Avec Chouf
 
Entre le DJ set et la performance sonore, Lou Fauroux mélange des sons contemporains (musique expérimentale, drone, sound design, sonorités, enveloppes et textures issues de jeux vidéos, de sound design de films) avec des extraits de musique classique issus d'époques variées : balades, symphonies, soundtracks de films. En incorporant des éléments variés au cours du set, l'artiste recompose une balade anachronique dans laquelle on discerne des bouts d'histoires et de nombreuses références : une méditation qui démarre avec le générique de succession, puis rencontre Young Thug et évolue dans un Tiktok de Gregg Araki…
Ismail Alaoui Fdili © Marc Domage
Alice Martins © Marc Domage
CHOUF © Marc Domage
La pratique artistique d’Ismail Alaoui Fdili est protéiforme et traverse la sculpture, la photographie, la performance et le film.

Ismail Alaoui Fdili s’intéresse dans son travail à la marge et aux personnes vivant dans l’interstice entre inclusion et exclusion sociale. Ses terrains d’expérimentation sont les déchèteries ou les parkings, où il dialogue avec des personnes dont les métiers sont socialement peu considérés tels que les chiffonniers, les gardiens de voitures et les guetteurs. Ismail Alaoui Fdili se présente également comme le fondateur et doyen de l’Université Internationale de Gardiennage de Voitures, entité basée entre Marrakech et la Seine-Saint-Denis. 

Diplômé de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy et de l’Institut supérieur des arts et du design de Toulouse, Ismail Alaoui Fdili explore la création et la direction artistique avant de rejoindre, en 2020, l’École Kourtrajmé en section réalisation, sous la direction de Ladj Ly. En 2021, il rentre en résidence aux Ateliers Médicis (Clichy-Montfermeil), ainsi qu’à la Fondation Fiminco (Romainville). En 2023, il participe à l’exposition "Gunaikeîon" des 40 ans du Frac Île-de-France, et débute une résidence à l’Université Paris 8 pour le développement d’une série mockumentaire. Il travaille actuellement à l’écriture d’un court métrage qui traite des titres de séjours pour les diplômé·es étranger·ès.

Architecte et danseuse de formation, Alice Martins crée des formes hybrides qui ont toutes en commun de questionner le corps en relation à son contexte et à l’autre.

Au-delà des objets, installations ou mises en mouvement des corps, Alice Martins tente de provoquer des moments à partager. Cherchant à garder des traces de ces instants furtifs, elle développe sa recherche sur l’inscription de ces événements dans nos souvenirs et sur la documentation qui pourrait les faire resurgir. 

Artiste pluridisciplinaire multipliant les collaborations, elle fonde la structure Objet Global en 2017 : une plateforme de recherches et d’expérimentations autour du corps, de l’espace et des langages. Elle y développe entre autres la Galerie Cuissard, Passion Passion et A au Carré - Alice & Adrien, des projets engagés dans la question du corps dans son environnement spatial, social et symbolique.

Diplômée en architecture et formée en danse, elle compose et fabrique des pièces performatives, sur scène ou in situ. Leur pièce Tenue est présentée entre autres à la Fondation Louis Vuitton, au Palais de Tokyo et à la Biennale Internationale de Design de Saint-Étienne. Dans le cadre de A au carré, duo de danse et performance avec son frère Adrien Martins, elle co-écrit actuellement Echoes’ Fantasy - Extended projet pour lequel ils·elles sont notamment en résidence et accompagné·es par le Centre national de la danse à Pantin en 2022-2023. 

Attachée à la transmission, elle conçoit et partage régulièrement ses protocoles de recherche et de création dans les musées (Fondation Louis Vuitton, Centre Pompidou), théâtre ou école d’art (École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne).

CHOUF est une artiste dont le travail s’inscrit dans une tradition poétique contemporaine de l’intime.

Ses déclamations chantées, accompagnées par le guitariste Trustfall, forment un hybride entre le spoken word et le raï sentimental. Son écriture joue subtilement à dire l’amour et le désespoir, CHOUF parle des vivant·es et des morts, de la solitude d’être soi, du courage pour dire les choses. 

Éducatrice spécialisée depuis 2014 à côté de sa pratique artistique, CHOUF se focalise dans un premier temps sur la question de la toxicomanie et de la parentalité dans le cadre de son mémoire de recherche à l’Institut régional du travail social. En 2020, elle prend ses fonctions d’éducatrice dans le quartier de la Goutte d’or et concentre son travail sur la jeunesse issue des ZUP. Ses réflexions s’axent sur les liens entre violence, délinquance (spécifiquement dans le cadre des rixes) et précarité affective et sexuelle dans les quartiers qualifiés de sensibles. 

En 2022, elle performe dans de nombreuses institutions culturelles et pour des manifestations artistiques, telles qu’au Théâtre de l’Usine à Genève, au festival “TYPO” des Ateliers Médicis, ou encore au festival “Hors pistes” au Centre Pompidou. Elle mène actuellement plusieurs projets, en collaboration avec la Dynamo de Banlieues Bleues.

Maïa Lacoustille grandit au Pays-Basque à Ciboure puis étudie aux Beaux-Arts de Paris où elle sera diplômée en 2021.

Elle a exposé notamment au CAC Brétigny lors de l’exposition Des soleils encore verts (2021), à la galerie Air de Paris (2022), ou encore dans l’artist run space Julio (2023). Sur invitation de l’artiste Camille Juthier, elle présente plusieurs pièces au sein de l’exposition À voux qui m’êtex cherx à Glassbox (2023).

Flora Bouteille est directrice de la compagnie de performance Angels' Front qu’elle a fondée en 2023.

La compagnie met en place des dispositifs multimédias qui permettent de rejouer collectivement différents contextes sociaux et d’expérimenter des rôles. Flora Bouteille - avec Angels' Front - sont les invité·es du programme Paris Performance de la Fondation Pernod Ricard pour la saison 2023-2024. En 2024, ils sont également en résidence à La Villette dans le cadre du programme “Initiatives d’Artistes”, un projet soutenu par la bourse FoRTE, financé par la Région Île-de- France. 

Flora Bouteille a notamment présenté son travail lors de l’évènement “La Fugue” organisé par Artagon Pantin dans le cadre de “100% L’EXPO” à La Villette (2023), à la Biennale d’art et d’architecture du Frac Centre-Val de Loire (2022), au Crédac à Ivry-sur-Seine (2022), lors du festival Trajectoires au LU, Scène Nationale, Nantes (2022), lors du parcours “Étoiles distantes” au Frac des Pays de la Loire, Nantes (2021 et 2022).

Crédit photo : Aapo Nikkanen (ADAGP)

Céline Fantino réalise des films destinés à être projetés ou augmentés au sein d’installations.

Dans son travail, elle développe le concept de “cinéma hypnagogique” (l’hypnagogie désigne le moment qui oscille entre le sommeil et l’éveil, un état propice à générer des visions éphémères). C’est autour de cet espace d’entre-deux qu’elle construit ses films. Proches du réalisme magique et de la science-fiction, ses narrations créent des jeux spatio-temporels, au sein desquels elle interroge la relation au souvenir et à la mémoire individuelle et collective. Elle défend une pratique du filmage en immersion, où le regard est à l’intérieur du sujet et la caméra un outil d’augmentation de la perception. Ses films documentent les décors et les sujets qu’elle traverse au quotidien et dont elle tire une force poétique. 

Céline Fantino intègre la Villa Arson et y développe une pratique vidéo et d’installation autour de la notion de cinéma hypnagogique. De 2015 à 2019, elle a co- dirigé un espace d’art autogéré à Bagnolet et un studio de musique dédié aux mineurs en situation d’immigration irrégulière. En 2022 elle curate avec le collectif Eaux Fortes l’exposition “Born Again, Raised by You” à POUSH (Clichy). Son travail a notamment été exposé à la Grande Halle de la Villette (Paris), à Radicants (Paris), à POUSH (Clichy) et au MAMAC (Nice).

Inès Sieulle est une artiste et réalisatrice française. Elle a étudié à l’École des Arts Décoratifs de Paris avant de rejoindre Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains à Tourcoing puis l’École des Hautes Études en Sciences- Sociales (EHESS) à Paris.

Autodidacte des technologies du numérique, Inès Sieulle s’approprie les différents médiums qui l’entourent tels que l’animation 3D, la réalité virtuelle ou encore les intelligences artificielles.

Les œuvres de Inès Sieulle visent à mettre en lumière les dynamiques sociales contemporaines qu’elle constate. Dans une démarche transdisciplinaire, elle lie ses différentes expériences artistiques en pièces de théâtre, sculptures, vidéos, oeuvres cinématographiques et installations afin de créer des formes de récits sensibles et intimes dans une démarche documentaire et fictionnelle.

Ses films et installations ont été présentés, diffusés et récompensés au sein de plusieurs festivals de cinéma tels que le Festival de Cannes et l’International Kurzfilmtage Winterthur, ainsi que dans des galeries et musées comme le LaM de Lille. En 2022, elle est lauréate du Prix Social Practice Arts remis par le Centquatre, la Fondation Gulbelkian et la Fondation Edmond De Rothschild pour son projet d’installation Le Journal de L’Autoroute.

À travers la pratique de la vidéo, de la sculpture, de l’installation et de la 3D, Lou Fauroux travaille sur les enjeux éthiques des intelligences artificielles et des technologies sur les humains, et décrypte les structures sociales du pouvoir à travers la culture pop et les médias, tels que la musique et les jeux vidéos.

Son expérience “queer” s’intègre dans une narration et une représentation à plusieurs strates. Avec poésie, Lou Fauroux se réapproprie les images avec lesquelles elle a grandit en les transformant et en construisant de nouvelles mythologies. 

Lou Fauroux est diplômée de l’École des Arts Décoratifs de Paris en 2022, après un échange à l’ECAL (Lausanne, Suisse). Elle débute par un travail vidéo qui a démarré dans l’industrie pornographique en Californie au sein de lieux indépendants. En 2020, elle remporte le concours du court métrage de MK2 en montage pour ThisIsHowTheWorldEnds. En 2021, son film TakeMe2UrDreamz intègre la collection du FRAC Poitou-Charentes. En 2022, elle intègre Artagon Pantin et participe à des expositions collectives, dont “Bureau du sacré” (Grandes Serres de Pantin), “Vidéos” (Galerie Eva Vautier, Nice), “Final Girls” (DOC!, Paris). Elle est finaliste du Prix Émergence de la SCAM (2022), lauréate du “Court 2050” du Crous (2021) et de la bourse AG2R “Jeune création artistique” (2019). 

En 2023, elle inaugure son premier solo show “WhatRemains” à la galerie du Crous, puis expose à “100% L’EXPO” à La Villette. Son film WhatRemains, Genesis fait sa première au Cinéma du Réel (2023) avant d’être diffusé dans d’autres festivals (Thaïlande, Espagne, New York). Elle crée le label de musique électronique expérimentale FÆRIES, dont les premières soirées ont lieu au Palais de Tokyo (Paris, 2023), à la Station Nord (Aubervilliers, 2023) et au Sample (Bagnolet, 2023). Aujourd’hui, elle prépare une exposition collective à la galerie Chantal Crousel.