“Les mannequins habitent les boutiques, les musées, les Expositions internationales et les ateliers. Littéralement debout à la frontière entre art, design, commerce et présentation, ils invitent ouvertement à une conversation artistique”. Cette déclaration de Lucy McKenzie indique la place importante accordée aux mannequins dans la pratique réflexive d’Atelier E.B. Pour leur section historique, Lucy McKenzie et Beca Lipscombe ont curaté l’ensemble de la vitrine, donnant à voir l’univers de possibilités sculpturales offert par les mannequins.
Atelier E.B considère ces derniers comme des oeuvres à part entière. Cette frontière floue entre objet de display et oeuvre d’art est explorée par un certain nombre d’artistes tout au long du 20e siècle. Le sculpteur Rudolf Belling (1923) propose une esthétique mécanique, tandis que le peintre Clovis Trouille (1930) maquille véritablement ses mannequins d’art. La fabricante de poupées Sasha Morgenthaler (1948) écarte les airs faussement enjoués des poupées de son enfance et prône un réalisme certain, manifestant un souci particulier du détail. Une reproduction du mannequin personnel du créateur de mode Charles James (1955) affiche une forme exceptionnellement dynamique en contraste avec sa surface en plâtre, lui conférant un caractère hybride à mi-chemin entre mannequin et sculpture. La designer de mannequins Adel Rootstein (1982) prend en compte la diversité raciale au point d’immortaliser l’effigie de la chanteuse Elaine Paige en fibre de verre afin d’illustrer le nombre croissant de lignes de vêtements destinées aux femmes menues.
Enfin la reproduction photographique d’un ensemble conçu par Bonnie Cashin (1959) démontre toute l’admiration de Beca Lipscombe pour la créatrice de mode. La tenue se compose d’un pull en cachemire crème à col polo et d’un pantalon en cuir noir, qui avaient été montrés lors de l’exposition Fashion : An Anthology au Victoria & Albert Museum (1971) et organisée par le photographe de mode Cecil Beaton. La forme épurée et fonctionnelle des vêtements reflète la simplicité et la contemporanéité des tenues de la pionnière du sportswear. N’ayant jamais fait l’objet de prises de vue, l’ensemble a été photographié spécialement pour l’exposition Passer-by.