LIPSYNC
Martin Margiela
Cette série d’œuvres provient d’images extraites de vidéos d’apprentissage de la lecture labiale, une méthode de communication destinée aux personnes sourdes et malentendantes qui s’est imposée depuis la fin du XIXe siècle comme un processus de normalisation faisant de la surdité une pathologie à laquelle on remédie à travers l’apprentissage, souvent autoritaire, du langage verbal.
Chacune de ces œuvres correspond à une syllabe, à un son qui demeure indéchiffrable.
Ces bouches tantôt classiques, tantôt séduisantes sont déformées. Elles témoignent de la complexité et de la difficulté à formuler des intentions intérieures tout en symbolisant la primauté de l’échange verbal au détriment des autres formes de communication entre les êtres.
Martin Margiela développe ici une technique singulière : les bouches sont tatouées au laser sur des plaques en silicone dont la teinte rappelle la couleur de la peau. Elles paraissent ainsi gravées sur un épiderme, territoire auquel elles sont inextricablement intégrées et dont elles tentent de révéler l’activité intérieure.
Carnet de production
Etat final des plaques de silicone
Encrage bleu des plaques de silicone
Nettoyage des plaques
On enlève l'encre projetée au laser. Le silicone conserve l'impact de la projection créant ainsi un épiderme sur la plaque.