Neïl Beloufa | Exposition Coming Soon
À travers sa pratique, Neïl Beloufa interroge la société et ses enjeux par le biais de différents médiums : films, sculptures et installations.
Il a étudié à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts et à l’école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris ; au California Institute of the Arts, Valencia (USA) ; à Cooper Union, New York et au Fresnoy - Studio national des Arts Contemporain, Tourcoing (France).
Nominé au Prix Marcel Duchamp en 2015, aux prix Artes Mundi (Cardiff, Royaume-Unis) et Nam June Paik (Essen, Allemagne) en 2016. Il a été lauréat du Prix Meurice pour l’art contemporain 2013, du prix Audi Talent Awards 2011 et du prix Agnès B. Studio Collector 2010.
Son travail a fait l’objet d’expositions monographiques en France et à l’international, notamment à K11, Shanghaï, 2016, au MoMA, Museum of Modern Art, New-York, 2016, au Schinkel Pavillon, Berlin, 2015, à l’ICA, Institute for Contemporary Arts, Londres, 2014, au Hammer Museum, Los Angeles, 2013, au Palais de Tokyo, Paris, 2012 et 2018, à la Schirn Kunsthalle, Francfort, 2018, au Pirelli HangarBicocca, Milan, 2021, à Secession, Vienne, 2022. Neïl Beloufa a également pris part à la Biennale d’art contemporain de Shanghaï en 2014, à la 55ème exposition internationale d’art contemporain de la Biennale de Venise en 2013, à la Biennale d’art contemporain de Lyon en 2013 ainsi qu’à la 58ème exposition d’art contemporain de la Biennale de Venise en 2019.
En 2021, il a co-fondé ebb.global, un studio créatif piloté par une équipe multidisciplinaire d'artistes, commissaires, chercheur·e·x et développeur·e·x. ebb.global explore l’intégration de nouvelles technologies aux domaines de la culture, contribuant activement à la création de nouveaux modèles de distribution en adéquation avec les valeurs émergentes de notre société.
Il est actuellement représenté par les galeries Kamel Mennour à Paris, Mendes Wood à New-York et Sao Paulo, la Galleria Zero à Milan et François Ghebaly à Los Angeles.
Son travail est présent dans de nombreuses collections prestigieuses dont la collection du Musée National d’Art Moderne, du Centre Pompidou, Paris, The Museum of Modern Art collection, MoMA, New-York, la collection Sammlung Goetz et la Julia Stoschek collection, Düsseldorf & Berlin.
En 2024, il participe à l'exposition collective Coming Soon à Lafayette Anticipations à Paris.
Transcription
Je m'appelle Neïl Beloufa, j'ai 39 ans et à la base je suis artiste et réalisateur. Mais mon modèle de fonctionnement c'est que je travaille avec beaucoup de gens et je suis plus producteur. J'organise des trucs, et à la fin ça fait des formes.
En 2014, on avait tourné une espèce de vidéo d’art, un film un peu long au Canada, avec des gens coincés sur Skype à cause d'une pandémie mondiale dont les symptômes c'était de tousser, de se mettre à acheter des trucs sur Internet et de voir des trucs 3D. On avait fait cette espèce de film qui était vraiment fait en champ-contrechamp de visioconférences qui à l'époque est tombé un peu à l'eau. On a jamais réussi à le finir, on l'avait montré qu'une seule fois et donc le choix ça a été de recycler un peu de manière opportuniste cet objet et d'en faire un objet culturel distribuable sur internet de façon décentralisée.
C'était une expérimentation et on a fait une espèce de plateforme de jeu, mais qui reproduisait un peu en mode comédie, de manière satirique, ce qu'on était en train de vivre, une autre manière de nous balader, de nous prendre des captchas, des logins, des fake news en permanence, des jeux débiles pour vérifier qu'on est un humain et des choses comme ça ; en même temps des vidéos de docteurs qui font des théories et qui essayent de vendre un remède à une pandémie mondiale. C'est horrible de parler de science, mais la science du projet, c'est que l'on avait fait une espèce de parodie presque trop fonctionnelle ou une satire fonctionnelle de ce qui était en train de se passer. On n'aurait jamais osé en fait. En gros, l'idée c'était qu'on faisait une expo qui s'appelait Counting on People, mais c'était sur les data et et l'affect. Enfin, c'était un peu ça le sujet.
L'idée de base, c'était de contraindre les gens à vivre en visioconférence et pour pouvoir essayer de traiter ces problématiques là, comment ça pouvait rendre fou, comment on pouvait les numéroter, comment on pouvait contrôler, comment on pouvait calculer. C'est une période où il y avait quand même Ebola, le SRAS. Il y a toujours tous les cinq ans des débuts de pics, des épidémies. C'est comme ça qu'on s'est dit que l'outil pour faire une bascule vers une société où on est complètement coincé sur un écran, c'est une pandémie.
Il y avait un auteur de bande dessinée qui s'appelle Léon Maret et un artiste scénariste qui s'appelle Jory Rabinovitch, avec qui on a mouliné une espèce de nanard, une espèce de grosse satire de docteur macho-miso, avec des gros PhD [doctorants, ndlr] qui essayent de faire des millions sur une pandémie et avec la médiatisation du phénomène, les gens qui deviennent tarés chez eux et qui achètent des trucs sur Amazon. C'est une période où j'étais fasciné par les cours en ligne du MIT (Massachusetts Institute of Technology) sur les algorithmes. J'étais fasciné par comment il y avait une dimension poétique et intuitive dans ces objets qui contrôlaient tout parce que c'était des gens qui les écrivaient. De l'autre côté, il y avait ces trucs là, on en parle beaucoup moins, mais il y avait toute la médecine individualisée qui commençait à monter avec des applications et des outils où tu te faisais ta prise de sang sur ton téléphone portable et qui disait si tu avais le diabète en temps réel avec des courbes.
On s'est donc amusés à faire un film d'horreur / mauvais SF. C'était pour rire. Ce n'était pas la volonté première, c'était vraiment de la comédie. On voulait faire de la comédie potache, grasse, satirique. Mais comme les mauvais canards ou les magazines un peu glauques, “Michel a violé quatre enfants et sa femme à trois têtes” ; et d'avoir vraiment cette espèce d'esthétique là, d'Internet, de meme, de troll, de prendre Internet pour une réalité et dire voilà, c'est ça le monde.