Les Prolégomènes
Symposium du 03 oct. au 04 oct. 2013
Il y a 11 ans et 3 mois
La question de la modernité, de ses suites, de ses fins, de ses retours ou de ses détours ne cesse d’être reconduite par les philosophes, les critiques et les historiens d’art depuis des années. Nous ne comptions pas ouvrir un nouveau chapitre à ces nombreuses thèses, mais plutôt essayer de comprendre et de sonder différentes manières d’être moderne aujourd’hui. « Comment êtes-vous moderne ? » est une question que nous avons adressée aux artistes, aux designers et aux créateurs de mode invités, non pour lui apporter une réponse mais pour sonder l’étendue de ses ramifications dans différents domaines de la création, et comprendre les enjeux et les défis qu’elle soulève dans le monde contemporain.Qu’entendions-nous par « être moderne » ? Au plus simple, et sans emprunter de détours spéculatifs, « moderne » était ici compris comme une manière d’inscrire la création dans l’aujourd’hui, de considérer les arts dans leur puissance d’innovation et donc dans leurs capacités de transformation du présent. Cette question première était diffractée en quatre parties, qui articulaient et thématisaient les quatre ateliers de discussions et de débats qui ont rythmé ces deux journées de rencontres. Pour documenter les relations du « comment » et du « moderne », nous souhaitions initier, à travers ces journées, une enquête sur le travail de création, ses lieux, ses manières de faire, ses enjeux esthétiques et politiques.
À des fins prospectives, nous souhaitions demander aux différents intervenants de ces journées de nous présenter le projet d’une création qui vienne nourrir, à la manière d’une proposition, la réflexion engagée lors de ces quatre sessions de travail.L’originalité de ces journées résidait dans le protocole d’intervention des différents participants : il s’agissait, pour chacun, de présenter un projet de création, sous la forme de maquette, d’hypothèse, de schéma, de diagramme, etc. qui vienne explorer de manière prospective le champ de réflexion ouvert par les différentes plateformes de discussion. Les participants ont été conviés en raison des résonances que trouvent ces questions dans leurs travaux. Chacun a dû, depuis son travail et en extension de celui-ci, donner forme à des projets ouvrant les questions retenues par les cinq sessions de travail composant ces deux jours.
Les Prolégomènes étaient conçus comme un lieu et un temps pour penser des projets, selon les règles d’une sorte de jeu réunissant chacun des participants. Les Prolégomènes ont constitué un atelier où présentations et discussions se donnaient pour objectif de réfléchir aux conditions actuelles de la création, dans un cadre pluridisciplinaire associant des artistes, des designers, des créateurs de mode. L’enjeu de ces présentations était double. À partir de pratiques actuelles et à travers des projets développés par des artistes pour l’occasion, nous avons tenté de mettre à jour des conditions matérielles et intellectuelles de la création contemporaine dans ses rapports aux techniques, aux savoirs et aux savoir-faire, à l’esthétique, au politique. Nous avons également tenté de saisir leurs enjeux selon un mouvement rétrospectif et prospectif, permettant de revisiter le passé et de sonder l’avenir de la modernité, afin de repenser des points de contacts et des différences entre des pratiques et des disciplines dans le temps, mais aussi de circonscrire de nouveaux partages et de nouvelles circulations entre les arts aujourd’hui.Un dispositif de présentation et de restitution de ces rencontres a été conçu spécialement par le collectif Rotor pour ces deux jours durant lesquels il fallut jouer le jeu de la prospective et de la création. Les Prolégomènes ont également été l’occasion de réfléchir à ce que peut produire un lieu dédié à la création artistique comme Lafayette Anticipations - Fondation d'entreprise Galeries Lafayette.
Ces perspectives s’ouvrent autant à la nécessité d’une réponse appropriée, aux conditions de la création contemporaine qu’à une réflexion sur les objets de la création contemporaine.Pas de création dans les domaines de l’art, de la mode et du design sans production et sans objet. Ces deux restrictions impliquent à leur tour des relations à la technique, à l’esthétique, au politique ; elles ne peuvent mieux se comprendre que depuis les travaux des artistes, selon la diversité de leurs domaines de création, de leurs méthodes de travail, de leurs moyens et outils de production.Il a donc été demandé aux créateurs de bien vouloir exemplifier ces questions à partir de leur expérience, de leur pratique, de leur travail artistique, dans leurs dimensions intellectuelles et matérielles. Mais il leur a été également demandé de produire, à partir de ces questions, des objets apportant matière à réflexion.