The Magicicada

Marguerite Humeau

Born in 1986 at Cholet, France, lives and works in London (United Kingdom).

Date: 2021

Medium: Steel skeleton, sound absorbing foam panels, mattress foam, Plywood, solar absorbant titanium coated aluminium, clairvoyant, vegetal cosmic formations.

Dimensions: 4905 x 4288 x 2892 mm

Courtesy: Courtesy the artist and C L E A R I N G New York/Brussels

Surface Horizon

Exhibition

from 17 Jun to 05 Sep 2021

Exhibition view "Surface Horizon" of Jean-Marie Appriou and Marguerite Humeau © Pierre Antoine

This terrace garden invites visitors to rethink our relationship with time, on the scale of nature and the cosmos. Until the Industrial Revolution in the nineteenth century, the measurement of time was based on the observation of natural phenomena. Then, the need to set the duration of work and technical progress introduced quartz into watchmaking in 1930.

In Marguerite Humeau’s installation, some plants are associated, according to astromedical traditions, with the annual rhythm of the sun, the healing of the heart (sunflower and coltsfoot), or the brain (garden cosmos and sea squill). Others bloom every seven years, in response to a particular change of climate in South America and the Pacific (rhodolirium). In the centre stands a vessel dedicated to the slower temporality of the Magicicada cricket, whose larvae hatch every seventeen years.

Production specifications

The Fondation preserves and documents traces of the works at various stages of their creation (sketches, models, prototypes, etc.).

Les plantes, sculptures naturelles

L’idée était de regarder des plantes comme des sculptures en soi, qui représentent soit littéralement des parties du corps humain, soit de manière plus indirecte des parties de nos êtres.

Marguerite Humeau

Marguerite Humeau considère les plantes comme des œuvres d'art à part entière. Son regard est captivé par leur aspect dansant. Les herbiers médiévaux en donnent une belle traduction visuelle et constituent ainsi une autre source d'inspiration pour l'artiste. Ils magnifient les espèces végétales en les isolant ou en les intégrant dans des compositions. La dorure, très présente dans les enluminures, ennoblit les sujets représentés.

15 December 2020

La théorie des signatures

Dans ce projet, l’idée était d’utiliser principalement des plantes, et en tant que sculptrice, j’étais intéressée par leur forme, leur dynamique, leurs couleurs, leur esthétique et ce qu’elles évoquent.

Marguerite Humeau

L'ensemble de l'odyssée imaginée par Marguerite Humeau s'appuie sur la théorie des signatures.
Ce concept nourrit encore aujourd’hui notre imaginaire. Il repose sur l'observation de plantes médicinales qui voit dans leurs silhouettes (forme, contour, couleur) les parties du corps humain qu’elles peuvent soigner.
Cette théorie semble exister depuis l'Antiquité. Elle est théorisée à la Renaissance, au XVIe siècle, par le savant suisse Paracelse, époque qui prône l’observation de la Nature. La théorie des signatures a finalement été abandonnée par les Lumières au XVIIIe siècle car elle ne repose sur aucun principe scientifique.
L’explication donnée par Paracelse serait d’origine divine. Selon lui, Dieu aurait signé les plantes à travers une forme, une couleur ou une odeur pour permettre aux Hommes d’en trouver l’usage pour se soigner.
Le repérage de ces signes se fait par analogie entre les plantes et les parties du corps. Il existe deux types de signature. La signature « intrinsèque » est inscrite dans la plante. La forme des cerneaux de noix par exemple évoquent le cerveau et seraient donc bénéfiques à son bon fonctionnement. Les marbrures des feuilles de la pulmonaire renverraient aux poumons et en soigneraient les infections. Enfin la vipérine, par sa tige tachetée et ses graines en forme de V, agirait contre les morsures de vipère.
La signature « extrinsèque » concerne l’environnement de la plante. Le saule par exemple pousse dans des lieux humides comme les marécages. Il est censé soigner les rhumatismes et les fièvres favorisés par l'humidité. De son écorce est extraite une poudre blanche à l’origine de l’aspirine.

30 July 2020

La communication végétale

[Je m'intéresse aussi] à la puissance de la communication entre les végétaux qui s’alertent mutuellement sur des dangers imminents. Certains humains semblent avoir développé les mêmes types de relations et de présence au monde. Pourrait-on encourager chez l’humain des formes de sensibilité développées par les plantes ? Des connexions invisibles et intangibles qui créeraient des faisceaux de solidarité et d’empathie ?

Marguerite Humeau

Depuis plus de trente ans, on étudie le comportement des végétaux en adaptant les méthodes de recherche appliquées aux animaux. C'est l'éthologie végétale. On recense aujourd'hui plus de 700 capteurs sensoriels différents chez les plantes. Ils sont mécaniques, chimiques, lumineux ou thermiques.
La science a démontré que les végétaux ont conscience d'eux-mêmes et de leurs voisins. Les plantes perçoivent la gravité et sont douées de proprioception, c'est-à-dire la perception de la configuration de leur propre corps dans l'espace. Les arbres par exemple se meuvent sans cesse pour corriger leur posture et s'adapter à leur environnement.
Les plantes possèdent également plusieurs sens comme l'ouïe, l'odorat et le toucher. Dépourvue de chlorophylle, la cuscute doit s’emparer d’une autre espèce et en sucer la sève pour survivre. Une expérience a montré qu’elle flaire véritablement sa proie en se guidant à l’aide du parfum dégagé par sa victime. Quant au tremble, il peut percevoir un coup de vent et garder la sensation en mémoire pendant une semaine.
Par ailleurs, on identifie deux moyens de communication végétale, par voie aérienne et souterraine. En surface, les feuilles peuvent se toucher et émettre des composés organiques volatiles, ce qui occasionne l'envoi de messages chimiques par sécrétion de molécules au niveau des racines. En cas d’agression par un animal, l'acacia se défend en sécrétant des tanins, des molécules toxiques, et alertent ses voisines qui se mettent à leur tour à accumuler ce type de molécule pour se protéger. Lorsqu'une plante tombe malade, elle prévient ses congénères et émet un message transporté par un champignon racinaire nommé mycorhize. C’est par ce champignon que les vieux arbres partagent également les flux nutritifs, notamment envers les plus jeunes.

29 June 2020

Les plantes indicatrices

Certaines plantes qu’on appelle « mauvaises herbes » nous révèlent avec une extrême précision ce que la terre contient et le moment où elle s’épuise. [...] En termes de sculpture, je les associe à de grands sages qui nous raconteraient leurs visions.

Marguerite Humeau

Les plantes indicatrices ou bio-indicatrices désignent les adventices qui poussent spontanément en grande quantité en un lieu donné et qui révèlent ainsi l'état du sol, ses caractéristiques physico-chimiques et biologiques.
La renoncule rampante ou "bouton d'or" par exemple indique que le sol est hydromorphe, c'est-à-dire saturé en eau. Le grand plantain signale que le sol est tassé. Le liseron des haies révèle un surplus de matière organique et d'eau. Dans tous les cas, l'oxygène ne peut plus circuler, ce qui entraîne la diminution voire la disparition de l'activité de micro-organismes. Au contraire, le mouron blanc indique l'équilibre et la bonne minéralisation du sol.

30 May 2020

Le surface horizon

[Le titre de l'exposition] est à la fois scientifique et poétique. J’ai découvert le surface horizon en étudiant les sols. J’ai spéculé avec l’aide de différents experts sur l’endroit où les êtres invisibles et en marge, nos fantômes, pourraient habiter aujourd’hui. Où naissent-ils ? Où meurent-ils ? La première couche du sol est l’horizon organique, celle que l’on voit quand on se promène dans la nature. C’est là que se déposent les êtres qui meurent. Le surface horizon se trouve juste sous cette couche. C’est l’endroit où les morts se transforment en vivants. L’idée d’un surface horizon génère des potentiels infinis.

Marguerite Humeau

En pédologie (science qui étudie la formation et l'évolution des sols), le terme "horizon" désigne une couche horizontale du sol. Une couche est définie par son épaisseur, sa couleur et la teneur de ses constituants (sable, limons et argile), de leur agencement, enfin de leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques.
L'ensemble des couches superposées forment un profil de sol (solum). La matière organique morte se dépose à la surface de l'horizon organique (O). Ces restes d'êtres vivants s'incorporent ensuite à la matière minérale, dans l'horizon mixte ou horizon de surface (A). La matière minérale se concentre alors en profondeur dans l'horizon d'accumulation (B). Plus bas, le sol correspond à une altération de la roche-mère (C).

29 April 2020

Les mauvaises herbes

Tout a commencé l’an dernier. [...] Pendant le confinement, j’ai eu l’impression qu’on nous avait enlevé le temps, et surtout le futur puisqu’il devenait impossible de se projeter. Je me suis donc demandé si les êtres auxquels j’avais envie de m’adresser, ceux que je voulais ressusciter, faire revivre et rendre visibles, étaient peut-être finalement ceux qui se trouvent sous nos pieds. Des êtres qui se sont éteints, comme certaines mauvaises herbes qu’on pousse dans les marges, ou qui ont disparu de nos paysages mentaux.

Marguerite Humeau

En botanique, les adventices ou mauvaises herbes désignent toute plante qui ne représente aucune utilité pour l'homme et est considérée comme indésirable car nuisible pour les cultures environnantes.
L'amarante réfléchie, la mercuriale annuelle et la morelle noire par exemple sont toxiques pour le bétail. D'autres plantes comme l'ambroisie à feuilles d'armoise possèdent un pollen très allergisant pour l'Homme.

30 March 2020

L'imaginaire de Marguerite Humeau

De multiples sources d'inspiration ont nourri le projet de Marguerite Humeau. A la croisée de la botanique, de la médecine, de la biologie et de l'art, ce sont quelques pistes de réflexion à découvrir ici pas à pas.

Marguerite Humeau s'est entourée de spécialistes de différents domaines (botanistes, cueilleur·euse·s et guérisseur·euse·s). Ces rencontres se sont enrichies de lectures dont voici les références :

Pierre Lieutaghi, Le Livre des bonnes herbes, Arles, Actes Sud, 1996.
Danièle Ball-Simon, Piotr Daszkiewicz, L’héritage oublié des signes de la nature. La loi des signatures, Paris, Les Deux Océans, 1999.
Gilles Clément, Eloge des Vagabondes, Paris, Nil Editions, 2002.
Julia Graves, The Language of Plants: A Guide to the Doctrine of Signatures, Hudson, SteinerBooks, 2012.
George Oxley, La Fleur au fusil. Nutrition, santé, climat : la science des plantes sauvages pour sauver l'homme, Paris, Alternatives, 2016.

19 March 2020

The Magicicada

Marguerite Humeau

Surface Horizon

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Les plantes, sculptures naturelles

La théorie des signatures

La communication végétale

Les plantes indicatrices

Le surface horizon

Les mauvaises herbes

L'imaginaire de Marguerite Humeau

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